Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/342

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d’autres, les six promeneurs, toujours le cigare aux lèvres, revinrent doucement sur leurs pas.

Les dames s’étaient assises sous un immense bosquet de chèvrefeuille, de jasmin et de clématites, dont les feuilles et les fleurs entretenaient une douce fraîcheur, en tamisant les rayons déjà ardent du soleil.

Elles causaient gaiement entre elles tout en s’occupant à de délicats ouvrages de femmes.

Vanda et Mercédès, ravissantes toutes deux, assises un peu à l’écart, tenaient, sans doute par contenance seulement, chacune une broderie commencée, et qui n’avançait pas beaucoup, car elles chuchotaient à voix basse, comme deux charmants et espiègles oiseaux jaseurs qu’elles étaient.

Leurs confidences mutuelles allaient grand train.

Les jeunes filles, même les plus chastes, ont toujours quelque secret à se confier à l’oreille.

Julian s’approcha des dames.

— Cher comtesse, dit-il en souriant à madame de Valenfleurs, pardonnez-nous de vous abandonner pendant quelques instants ; je vous enlève ces messieurs pour une heure ; don Cristoval est curieux d’examiner certaines collections que j’ai reçues récemment du Pérou et de l’Amérique centrale.

— Allez, messieurs, vous êtes libres, répondit gracieusement la comtesse, mais ne nous abandonnez pas trop longtemps, je vous prie.

— Avant une heure, nous accourons vers vous.

Vanda leva les yeux et lança un regard pétillant de malice au jeune comte, en le menaçant de son doigt mignon, comme pour lui prouver qu’elle n’était pas dupe du prétexte donné par Julian et qu’elle avait deviné ce dont il s’agissait.

Le jeune homme sourit et lui fit un signe de tête.

Cinq minutes plus tard, nos six personnages étaient réunis dans le fumoir de Julian d’Hérigoyen, espèce de sanctuaire sacré où nul ne pénétrait sans y être autorisé.