Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/341

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dant quelques minutes ; je désire vous faire une communication que je crois très importante.

Julian le regarda avec surprise.

— Est-ce donc à cause de cette communication que vous nous avez si adroitement amenés jusqu’ici, mon cher comte ? lui demanda-t-il d’un ton de bonne humeur.

— Ma foi, oui ; je vous l’avoue, cher monsieur d’Hérigoyen, répondit-il en souriant ; je tiens surtout à ne pas effrayer les dames.

— C’est grave, alors ?

— Oui, je le crois, cher monsieur Julian, très grave, je le crains ; du reste, vous en jugerez lorsque je me serai expliqué.

Julian réfléchit pendent un instant.

— Je suis un vieux coureur des bois, vous le savez, mon cher comte ? reprit-il en souriant ; en cette qualité, je me défie à priori de tout ce qui ressemble à un bois ou à une forêt ; on ne sait jamais ce que cachent les ramures feuillues d’un arbre ; or, comme je n’en doute pas, si l’affaire est aussi grave que vous nous l’annoncez, mon cher Armand, et si vous croyez que le secret doit être gardé…

— Je le pense, en effet, interrompit-il vivement.

— Alors, ne restons pas ici, reprit Julian, faisons mieux : entrons chez moi par la porte de communication, et rendons-nous dans mon fumoir ; là nous serons en sûreté, et nous pourrons causer tout à notre aise sans craindre d’être entendus.

— C’est parfait, dit Bernard ; les Peaux-Rouges, qui ne sont pas des niais, tant s’en faut, ont coutume de dire que les feuilles ont des yeux, les arbres des oreilles, et que derrière chaque brin d’herbe il y a un espion ; ma foi ! je n’oserais pas, pour ma part, affirmer que ce n’est pas.

— Est-ce aussi votre avis, messieurs ? demanda Julian, que la majorité décide !

— Oui ! fut-il répondu à l’unanimité.

Sans se presser, et continuant à causer de choses et