Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/368

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m’aviez assigné lors de notre dernière entrevue, au cas où j’aurais besoin de vos services.

— Parfaitement, monsieur, et ce qui le prouve, c’est votre présence ici. Seulement, vous me permettrez de vous faire observer que vous avez bien tardé.

— Vos paroles mêmes me serviront de justification, monsieur. Ne m’avez-vous pas dit, en propres termes, ces paroles : « Si vous avez besoin de moi, n’importe à quelle époque, vous me rencontrerez chaque jour, de cinq heures à cinq heures et demie, au café de la Rotonde, au Palais-Royal. » Tant que rien n’est venu troubler ma tranquillité, j’ai pense que mieux valait ne pas vous ennuyer de ma présence ; mais maintenant c’est autre chose : le Mayor menace non pas moi, mais une personne à laquelle je suis attaché par les liens de la plus vive reconnaissance ; je me suis engagé à défendre cette personne, êtes-vous toujours disposé à me servir ?

— Plus que jamais, monsieur, soyez-en certain.

— Je vous remercie de cette réponse franche ; elle me prouve que nous nous entendrons facilement.

— Très facilement, en effet, monsieur ; mais permettez-moi de m’expliquer clairement.

— Faites, monsieur ; je vous écoute,

— Monsieur d’Hérigoyen, je vous ai dû la vie d’abord, et ensuite la fortune dont je jouis aujourd’hui, car je possède près de soixante mille livres de rente, ce qui, vous en conviendrez, est un fort beau denier pour un homme dont la jeunesse a été plus qu’orageuse, et surtout a été émaillée de péripéties assez étranges : je vous dois donc tout cela, mais je vous dois plus encore.

— Monsieur…

— Permettez-moi de finir, je vous prie !

— Allez donc, puisque vous le voulez.

— Je vous dois, monsieur, de m’être réhabilité dans ma propre estime, en un mot, d’être redevenu un honnête homme. Depuis mon départ du Mexique, je n’ai pas eu l’ombre d’une faute à me reprocher ; voilà donc me dette bien établie. Je suis prêt à vous servir en tout,