Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/372

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La rencontre, si longtemps attendue par le Mayor, du comte de Valenfleurs et de Vanda au bois de Boulogne, avait été loin de tourner comme il l’avait espéré.

Il s’était flatté d’intimider par sa morgue hautaine un jeune homme de l’âge du comte Armand, et d’en avoir ainsi facilement raison.

Au lieu de cela, il s’était trouvé en présence d’un homme d’une fermeté froide et tranchante, qui avait nettement répondu à ses indiscrètes questions de façon à lui prouver qu’il ne s’en laisserait pas imposer facilement, et avait ainsi fait comprendre au Mayor que ses calculs étaient faux, et qu’au lieu d’un enfant, il avait en face de lui un adversaire redoutable, avec lequel il lui faudrait sérieusement compter.

Cette découverte, en éveillant la colère du Mayor, l’avait mis hors de lui.

Il s’était abandonné à toute la violence de son caractère, malgré toutes ses résolutions contraires ; imprudence qu’il regrettait d’autant plus amèrement, que l’interpellation que lui avait lancée à l’improviste un cavalier mystérieux, entendue par le jeune comte, en déchirant brutalement l’incognito derrière lequel il s’abritait, donnerait l’éveil aux ennemis qu’il s’était flatté de surprendre, les mettrait sur leurs gardes, et détruirait ainsi tous les plans qu’il avait formés pour obtenir enfin cette vengeance que depuis si longtemps il désirait.

Tout en galopant, effaré, à travers les allées du bois de Boulogne, le Mayor essayait de reprendre son sang-froid et de remettre de l’ordre dans ses idées bouleversées par la scène étrange dans laquelle, il était forcé d’en convenir, il avait joué un si piteux rôle.

Cependant, peu à peu son sang recommença à circuler avec moins de violence dans ses veines, ses artères cessèrent de battre.

L’air frais du matin, en le frappant au visage, lui rendit un calme relatif, qui lui permit d’envisager plus froidement et surtout plus sainement la situation dans laquelle il se trouvait jeté à l’improviste par sa faute.