Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/373

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Il s’arrêta.

Son cheval haletant et couvert d’écume, butait à chaque pas et avait besoin de reprendre haleine.

Dans le premier moment, le Mayor, épouvanté d’être reconnu, s’était lancé à fond de train ; il avait fui pour fuir, sans tenir aucune direction, pour échapper au plus vite à la vue de ceux qu’il avait offensés et qui, peut-être, surtout après avoir entendu son nom, se préparaient à lui faire un mauvais parti.

Mais un instant de réflexion suffit pour le rassurer.

Aucun danger immédiat ne pouvait le menacer ; quant à présent du moins, il n’avait rien à redouter de personne.

Plus maître de lui maintenant, il sourit de la terreur folle à laquelle il s’était laissé aller ; toute son audace lui revint aussitôt. Il alluma un cigare et regarda autour de lui pour s’orienter.

Ainsi qu’il arrive presque toujours en pareil cas, le Mayor avait, pendant près d’une heure, presque constamment tourné dans le même cercle.

Son cheval était arrêté en face du parc des Dames.

Après avoir réfléchi pendant deux ou trois minutes, il tourna la tête de sa monture du côté de la Muette et il repartit, mais cette fois au trot, et en affectant les allures dégagées d’un promeneur.

Après avoir franchi les fortifications, il se dirigea lentement vers Paris.

Tout en fumant, le Mayor songeait ; il se disait, à part lui, certaines vérités cruelles qu’on ne se ménage pas quand on est seul avec soi-même, mais que jamais on ne souffrirait de s’entendre dire par un tiers.

Le résumé de ses réflexions se traduisit par ces quelquels mots qu’il prononça entre haut et bas :

— Définitivement, je suis un niais ; j’ai fait une école impardonnable, digne d’un enfant de dix ans ; il n’y a que lui qui peut arranger cela en me donnent un bon conseil ; on n’est pas plus sot que je l’ai été ; le diable soit