Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/374

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de moi, avec mes colères stupides ! Est-ce que je baisserais par hasard ?

Il hocha la tête deux ou trois fois, en faisant tomber avec son petit doigt la cendre de son cigare, et il ajouta avec un sourire d’une expression singulière :

— Eh non ! je ne baisse pas ; au contraire, je suis toujours le même ; malheureusement, quoi que je fasse, je ne puis me courber aux exigences stupides de la vie civilisée, ni me résigner à ses mièvreries stupides, voilà tout !

Après avoir tourné dans plusieurs rues encombrées de voitures et de piétons, car il était près de onze heures, le Mayor s’engagea dans une ruelle assez sale et complètement déserte.

Sans descendre de cheval, du pommeau de sa cravache, il frappa deux coups espacés, et trois autres précipités contre une porte, percée dans un mur de clôture à droite et presque au fond de la ruelle.

Puis il mit pied à terre, attacha la bride de son cheval à un anneau et rebroussa chemin.

À peine eut-il fait quelques pas dans cette nouvelle direction, que la porte à laquelle il avait frappé s’ouvrit, un homme parut, détacha l’animal, le rentra et referma la porte.

Le Mayor, certain que son cheval était en sûreté, fit quelques pas encore et s’arrêta devant une seconde porte.

Mais cette fois, il tira une clé microscopique de sa poche et l’introduisit dans la serrure.

La porte s’ouvrit ; il entra et referma la porte de la ruelle en la poussant seulement.

Un bruit sec, semblable à celui du fer frappant contre le fer, se fit entendre.

Aussitôt un homme parut, tenant une lanterne à la main.

L’endroit où se trouvait le Mayor était un corridor étroit, assez long et complètement obscur.

Ce corridor était coupé à égale distance dans sa largeur par deux herses en fer, d’une solidité à toute épreuve.

— Ah ! c’est vous ? cria l’homme à la lanterne ; je vous attendais.