couverte pourrait avoir des conséquences graves pour nous, à cause des circonstances dans lesquelles nous sommes en ce moment ; qu’en pensez-vous, Cœur-Sombre ?
— Je suis entièrement de votre avis, señor ; mieux vaut laisser le Mayor dans le doute.
Et s’adressant au señor Navaja :
— Cet homme faisait-il parfois de longues absences ? lui demanda-t-il.
— Presque toujours ses absences se prolongeaient ; elles duraient ordinairement un mois ; les courtes étaient de quinze jours au moins.
— Était-il auprès du Mayor quand vous avez quitté son camp ?
— Il y était, j’en suis sûr ; il ne l’a quitté qu’après moi, et sans doute pour se mettre sur ma piste, d’après l’ordre exprès du Mayor ; je n’ai pas le moindre doute sur ce point ; aussi, en vous quittant, je pousserai une pointe sur Tubac, et je me mettrai à la recherche de Calaveras ; de cette façon, j’établirai un alibi, et, à mon retour au camp, je n’aurai rien à redouter du Mayor ; si fin qu’il soit, je lui donnerai le change.
— Très bien raisonné. Allez, ño Ignacio, et amenez-nous le cheval.
— Ne vous trompez pas, vous connaissez le mien, dit le señor Navaja.
— Soyez tranquille, une erreur n’est pas possible.
Le mayordomo s’éloigna aussitôt, ouvrit la petite porte et sortit du parc.
— Le plan du Mayor est-il fait ? reprit Julian.
— Oui, l’attaque aura lieu vers onze heures du soir, par une nuit sans lune. Vous serez attaqués sur trois points à la fois. L’un de ces points est la Rancheria, les deux autres ne sont pas encore désignés ; j’ai été envoyé ici non seulement en batteur d’estrade, mais encore avec mission de dresser un plan le plus exact possible de l’hacienda et de ses environs.