Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/39

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— Hum ! voilà une rude besogne ; êtes-vous donc ingénieur ?

— Non, mais ma famille me destinait à la carrière militaire, et j’ai fait toutes les études nécessaires ; et, pour vous dire la vérité tout entière ; je suis sorti avec le numéro 21 de l’école Polytechnique. Un bel avenir s’ouvrait devant moi ; la fatalité en a décide autrement. Le Mayor, sous les ordres duquel j’ai servi pendant deux ans en Afrique, sait tout cela. Voilà pourquoi il m’a donné cette mission.

— Comment ! que me dites-vous là ? Vous avez servi en Afrique sous les ordres du Mayor, dans l’armée française !

— Certes.

Julian se recueillit un instant.

— Écoutez, reprit-il d’une voix ferme : il y a longtemps que je vous soupçonne de jouer un rôle, comme du reste presque tous les proscrits qui errent dans la savane, et de cacher sous des dehors grossiers et parfois repoussants, passez-moi ce mot, une personnalité peut-être plus élevée qu’il vous convient de le laisser deviner. Je ne vous demande pas votre histoire ; elle ne me regarde en aucune façon ; mais, malgré les fautes que vous pouvez avoir commises, je sais qu’il vous reste encore quelques bons sentiments… J’ai un très grand intérêt à soulever le masque derrière lequel se cache le Mayor ; don Cristoval de Cardenas s’est engagé à vous compter deux mille onces d’or ; je vous donne, moi, ma parole de vous en donner mille : avec ces trois mille onces et la somme que vous avez déposée entre nos mains, vous vous ferez au moins quarante mille livres de rente, ce qui est une fort jolie fortune. Vous pourrez quitter le désert et vous organiser une existence nouvelle, très agréable, quel que soit le pays où il vous plaira de vous fixer. Mais j’exige que vous me rapportiez tout ce que vous savez sur le Mayor. Que pensez-vous de cette proposition ? Réfléchissez avant de me répondre.

— Toute réflexion est inutile, monsieur, dit l’aventu-