Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/383

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souvenez-vous que je vous ai averti et que vous avez refusé de me croire. J’ai le pressentiment que nous périrons à la tâche.

— Qu’importe, si nous réussissons ! dit le Mayor d’une voix sombre.

— Oui, mais réussirons-nous ?

— Enfin, le sort en est jeté. Il est trop tard maintenant pour reculer ; il faut agir avec vigueur et surprendre nos ennemis par la rapidité de notre attaque.

— Ainsi, nous attaquons ?

— Oui, si vous êtes prêt ?

— Je le suis ; je n’attends plus qu’un ordre de vous pour mettre le feu à la mine qui, peut-être, nous fera sauter. Cet ordre, le donnez-vous ?

— Que comptez-vous faire ?

— Exécuter le plan que nous avons dresse en commun ; mais en en modifiant quelques détails, à cause de ce qui s’est passé aujourd’hui. Depuis six mois, mes espions surveillent sans relâche nos ennemis ; nous avons des intelligences jusque dans la domesticité de l’hôtel d’Hérigoyen et de l’hôtel de Valenfleurs ; nos ennemis ne font point un pas sans que je sois immédiatement prévenu.

— Ce qui nous donne un immense avantage sur eux, puisqu’ils ne savent rien de nous, excepté nos noms ; et vous désespériez ! Allons donc, vous êtes fou ! nous avons tous les atouts en mains, sachons nous en servir à propos, et nous réussirons.

— Peut-être dites-vous vrai ; du reste, l’avenir nous apprendra qui de nous deux a tort ou raison.

— Soit ; puis-je compter sur vous ?

— En tout et pour tout : je ne vous abandonnerai pas ; ma résolution est prise, j’irai jusqu’au bout ; d’ailleurs, cette existence de complots continuels commence à peser lourdement sur mes épaules ; c’est un fardeau dont je veux à tout prix me débarrasser : vous serez content de moi, laissez-moi faire.

— Ne vous ai-je pas donné carte blanche ? Ainsi, nous attaquons !