Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/384

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— Dans vingt-quatre heures au plus tard nous serons à l’œuvre.

— À la bonne heure ! je vous retrouve. Ne craignez rien, nous réussirons.

— Je ferai tout pour que cela soit ; mais, je vous le répète, je ne l’espère pas.

— Le diable soit de l’entêté ! dit le Mayor en riant.

— Ce n’est pas de l’entêtement, reprit Felitz Oyandi en hochant mélancoliquement la tête, c’est une conviction.

— Voyons, il y a quelque mystère là-dessous ; vous me cachez quelque chose, avouez-le ?

Felitz Oyandi tressaillit ; un frisson courut par tout son corps, une contraction nerveuse crispa les muscles de son visage, devenu subitement plus pâle encore.

— Vous le voyez bien que vous ne dites pas tout. Voyons, nous ne sommes pas seulement des complices, mais encore des amis dévoués. Je n’ai jamais eu de secrets pour vous.

— Je le constate, Mayor ; vous m’avez toujours et partout témoigné la plus entière confiance.

— Alors, puisque vous en convenez, pourquoi n’agissez-vous pas de même avec moi ?

— Parce que le pressentiment qui me serre la gorge est absurde, qu’il ne repose sur rien de raisonnable, et que si je vous le révélais, vous vous railleriez de moi, — et je l’aurais mérité, ajouta-t-il en essayant de sourire.

— Allons donc ! vous n’êtes ni un fou, ni un visionnaire, mon camarade. Confessez-vous à moi : loin de vous rire au nez, je vous aiderai à vous débarrasser de vos papillons noirs, car j’espère que ce n’est pas autre chose, mort diable ! Mon ami, quand on entame une lutte comme celle que nous commençons, il faut mettre de côté toutes préoccupations et, surtout, ne pas se laisser aller à ses nerfs comme une jeune femme coquette.

— Si je fais ce que vous me demandez, vous ne rirez