Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/412

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quelque sottise qui amène une catastrophe ; aussi, je suis contraint de ne pas la perdre de vue une seule minute, et quand je suis obligé de sortir, de la faire surveiller par ses domestiques.

— Cela est intolérable ; une telle existence est impossible !

— C’est ce que je me dis sans cesse ; aussi suis-je bien résolu à en finir avec elle, quoi qu’il puisse en advenir, à la première occasion, des que j’aurais acquis la certitude complète qu’elle veut me trahir : je me le suis juré à moi-même, et vous savez que jamais je n’ai manqué à ma parole.

— Je la plains, mais c’est elle qui l’aura voulu, et nous sommes dans une situation où les moindres ménagements pourraient nous perdre.

— Voilà précisément pourquoi je serai implacable, mais j’espère que tout sera bientôt terminé, bien ou mal, et que je pourrai éviter une fâcheuse extrémité ; car, après tout, je ne puis oublier que cette femme, que je hais aujourd’hui, est la seule que j’aie jamais aimée.

— Dieu veuille que nous n’ayons pas bientôt des complications regrettables de ce côté. Voulez-vous déjeuner avec moi ?

— Non, cela m’est impossible. Je suis sorti à sept heures du matin, et il est maintenant plus d’une heure de l’après-dîner ; il faut que je rentre au plus vite à l’hôtel. Qui sait ce qui se sera passé pendant ma longue absence !

— Allez donc, mon ami, je ne vous retiens plus. N’oubliez pas notre rendez-vous de ce soir, ou plutôt de cette nuit ?

— Soyez tranquille ; c’est convenu. De votre côté, faites diligence.

— Vous serez content de moi.

Les deux hommes quittèrent alors le jardin et rentrèrent dans la maison.

Le Mayor reprit son chapeau et sa cravache qu’il avait laissés dans le cabinet.

Mais, au lieu de sortir par le chemin qu’il avait suivi