Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/416

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— Ah ! diable, c’est fâcheux ; ami Caboulot, je ne vous reconnais pas là !

— C’était donc sérieux ?

— Tellement sérieux, que vous ne toucherez que cinq cents francs, au lieu de mille, que je me préparais à vous donner, tant j’étais satisfait de vous.

— Bien vrai ?

— Sur l’honneur !

— Eh bien ! rien ne vous empêche de me donner le billet de mille, mon maître.

— Pourquoi cela ?

— Parce que j’ai flairé un mystère, et que j’ai suivi la dame en question.

— Bien vrai, jusque chez elle ?

— Dam ; c’était le seul moyen de connaître son adresse ; elle m’a fait rudement trimer, par exemple. J’en ai eu pour six francs cinquante de voiture ; elle est entrée dans je ne sais combien de magasins, où elle a fait des achats de toutes sortes. Enfin, je l’ai remisée. Elle demeure à Montmartre, rue des Abbesses, 103, dans une maison à allée, au troisième, la porte à droite ; la maison n’a pas de portier. Elle a emménagé il y a un mois environ ; elle a payé le terme d’avance, ce qui fait que l’on n’a pas été aux renseignements ; elle ne couche que très rarement dans son appartement, qu’elle quitte tous les soirs à peu près vers minuit pour ne rentrer que le lendemain vers huit heures. Elle part et revient toujours en voiture. Son existence est très mystérieuse ; elle ne parle à personne dans la maison ; elle passe pour fière ; elle n’est pas aimée. Elle ne reçoit personne, sauf un individu de cinquante à cinquante-cinq ans, d’assez mauvaise mine, qui vient la voir tous les jours, mais jamais à la même heure ; quelquefois, quand ils sortent ou rentrent ensemble, ils causent entre eux dans une langue que personne ne comprend et qui, dit la locataire dont je tiens ces renseignements, ne ressemble à aucune langue connue. Je suis monté ; il y a à la porte un guichet avec une grille très épaisse, une serrure à secret et un verrou de sûreté