Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/46

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Je connais l’endroit ; ce tumulus, que j’ai visité plusieurs fois et au sommet duquel est planté une croix, est entouré de mahoganys géants ; on les aperçoit très distinctement du mirador de l’hacienda.

— C’est cela même. Eh bien ! envoyez chaque jour un batteur d’estrade adroit au tumulus, un peu avant le lever du soleil. Peut-être fera-t-il dix voyages inutiles, mais lorsque le plan du Mayor sera définitivement arrêté, et que la date de l’attaque sera fixée, je vous donnerai tous les renseignements dont vous aurez besoin par une lettre enfermée dans une petite boîte en fer-blanc que j’enfouirai au pied même de la croix, et afin que votre batteur d’estrade ne perde pas son temps à creuser pour rien, quand j’aurai enfoui la boîte, j’attacherai un bouquet de folle avoine fanée au bras droit de la croix ; ce bouquet signifiera cherchez ; de plus, je ferai flotter un mouchoir au sommet de l’un des mahoganys.

— C’est parfait ; de cette façon, nous évitons toute rencontre compromettants, et nous defions les plus fins espions.

En ce moment, la petite porte du parc s’ouvrit, et le mayordomo parut, amenant, par la bride le cheval du matelot.

Le señor Navaja — nous continuerons à lui donner ce nom, puisque nous ignorons son nom véritable — profita du retour du mayordomo pour prendre congé de Julian, après lui avoir répété tout ce qui se rapportait à la croix du tumulus ; puis il sortit du parc et disparut presque aussitôt sous le couvert.

— Eh bien ? demanda Julian à ño Ignacio, lorsqu’il se retrouva seul avec lui.

— Rien, répondit laconiquement le mayordomo ; j’ai tout visité, mais je n’ai rien trouvé.

— Bah ! nous serons peut-être plus heureux quand nous fouillerons ses poches. En attendant, aidez-moi à attacher solidement ce drôle sur son cheval ; puis j’irai installer vos vaqueros dans leur campement définitif. Quand arriveront les autres ?