Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/45

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dais pas mieux que de me taire. Voilà, monsieur, tous les renseignements que je puis vous donner sur le Mayor.

— Je vous remercie de votre franchise. Ces renseignements sont précieux pour moi ; mais, un mot encore, je vous prie.

— Parlez ! monsieur.

— Savez-vous si, depuis que le Mayor est en Amérique, il s’est marié, et s’il a des enfants ?

— Je ne puis, à mon grand regret, rien vous dire à ce sujet. Le Mayor ne confie ses affaires particulières à âme qui vive, pas même à Sebastian ! Mais il me semble bien impossible que, avec la vie d’aventure qu’il mène, la pensée lui soit venue de se marier.

— Vous devez avoir raison ; dans tous les cas, je vous remercie, et vous pouvez compter sur ma parole.

— Jamais je n’ai eu le plus léger doute à cet égard, monsieur, soyez-en bien convaincu.

— Quant au plan que vous avez ordre de lever, comment vous arrangerez-vous ?

— Oh ! que cela ne vous inquiète pas, monsieur, je ferai un plan de fantaisie, très exact en apparence, mais qui ne pourra, en aucune façon, nuire à la défense de l’hacienda.

— Bien ; mais il est important que je sache positivement quels seront les points d’attaque du Mayor, et quel jour ou plutôt quelle nuit il tentera son coup de main. Après ce qui s’est passé ce matin, il est presque impossible que nous nous rencontrions de nouveau ; ce serait jouer trop gros jeu, et peut-être perdre tout le bénéfice de tout ce que nous avons fait ; et pourtant, il est très important que je sois tenu au courant de toutes les mesures prises par le Mayor.

— C’est vrai ; mais je crois très facile de remédier à ces embarras et de correspondre entre nous sans nous voir. Voici comment : sur le bord du Rio-Grande, à une distance d’une lieue et demie environ de l’hacienda, à l’endroit nommé le Gué des Guanacos, se trouve un ancien tumulus indien.