Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/48

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— Je n’en doute pas ; mais où étais-tu donc, que personne n’a pu me renseigner sur ton compte ?

— J’ai beaucoup d’occupation ; vous savez que tout repose sur moi. D’ailleurs vous n’étiez pas a plaindre, vous aviez près de vous ma chère Denizà, qui certes vous a fait oublier mon absence.

— Tout au moins j’ai essayé de faire prendre patience à notre père, mon cher Julian, répondit en souriant la jeune et charmante femme.

— Et vous avez parfaitement réussi, me mignonne : ah ! j’avais hâte de vous revoir, mes enfants ; vous me manquiez ; je ne suis heureux qu’auprès de vous.

— Aussi nous ne vous quitterons jamais, mon père, dit Denizà en l’embrassant.

— Denizà a raison, père, il nous faut réparer le temps que nous avons perdu, en ne nous séparant jamais.

— Voilà qui est bien parler : je vous remercie, mes enfants, car mon bonheur sera de passer mes derniers jours auprès de vous. Mais laissons cela, quant à présent ; je suis sûr de votre amour pour moi, et c’est ce qui me rend si heureux. Parlons de vous, de vos affaires.

— Eh bien, père, qu’avez-vous fait, voyons ?

— J’ai réussi, pardieu ! J’aurais voulu voir qu’il en fût autrement. Le général a été charmant ; tu le verras, c’est un vieux soldat tout franc et tout rond, ennemi-né de l’arbitraire, qui n’a pas approuvé le coup d’État et ne professe pour l’homme qui nous gouverne qu’une estime très modérée. Il a trouvé ta déclaration très nette et très digne ; il m’a, même dit en particulier qu’il la trouvait plus que suffisante : de sorte que tout est arrangé, réglé et fini ; il n’y a plus à s’en préoccuper : Bernardo et toi, vous êtes rentrés définitivement dans tous vos droits civils et politiques, et par conséquent libres comme l’air : donc, plus de crainte, de tristesse, ni de fronts soucieux.

— Merci, père ! s’écrièrent les deux fiancés.

Et comme d’un commun accord, ils serrèrent le vieillard dans leurs bras et l’embrassèrent à qui mieux mieux.