Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/50

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Mais non, pas trop : nous sommes aujourd’hui jeudi, n’est-ce pas ?

— Oui, mon père.

— Eh bien, mes enfants, le général arrivera à l’hacienda en compagnie de l’intendant militaire, samedi en huit, c’est-à-dire dans dix jours, et le mariage sera célébré le lendemain dimanche ; il repartira le soir même après le coucher du soleil pour Urès ; trouvez-vous donc que dix jours à attendre ce soit trop.

— Non, mon père, dit Denizà en souriant, vous avez fait pour le mieux, nous devons donc nous incliner ; d’ailleurs, nous avons attendu quatorze ans, ajouta-t-elle avec sentiment, il nous sera facile de patienter encore pendant dix jours.

— À la bonne heure ! fit-il en se frottant joyeusement les mains, vous êtes charmante, mignonne ; tu ne dis rien toi, fils ?

— Je ne dis rien, mon père, répondit gaiement Julian, parce que Denizà a répondu pour nous deux.

— Là, maintenant que cette grande affaire est terminée, parlons d’autre chose, reprit le docteur. Comment passez-vous votre temps ici ? qu’y a-t-il de nouveau ?

— Bien des choses, mon père ; répondit Julian en redevenant sérieux, une surtout qui m’inquiète fort et sur laquelle je ne serais pas fâché d’avoir votre avis.

— De quoi s’agit-il donc ?

— D’une affaire de le plus haute gravité et qui intéresse surtout madame la comtesse de Valenfleurs.

— Une affaire qui intéresse la comtesse ; je ne vois pas trop…

— Quand vous saurez, mon père…

— C’est juste. Parle, je t’écoute.

— Suis-je de trop ? demanda Denizà en faisant un mouvement pour se lever.

— Non pas, chère Denizà ; restez au contraire ; votre excellent jugement nous aidera sans doute à sortir de l’impasse dans laquelle nous a jetés à l’improviste la fatalité. En un mot, et pour ne pas vous laisser plus long-