Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/70

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et prétendent qu’ils se mettent par là en garde contre les privations à venir.

Les Sachems assis à la table de l’haciendero, retenus par le respect, conservaient un certain décorum et mangeaient de fort bon appétit, mais sans excès, en hommes qui, dans les circonstances sérieuses, savent se maintenir dans les limites exactes du savoir-vivre.

Quant aux guerriers groupés autour de la seconde table, n’étant retenus par aucune considération d’aucune sorte, ils ne mettaient aucun frein à leur gloutonnerie.

Les plats semblaient fondre devant eux, tout disparaissait avec une rapidité vertigineuse. Tant qu’il resta quelque chose, ils mangèrent, et ne s’arrêtèrent que lorsque tout fut dévoré.

Ils étaient littéralement gavés.

Nous ajouterons, car il faut être juste, que c’est un point très sérieux d’étiquette parmi les Peaux-Rouges de manger tout ce qui est servi devant soi.

On considère comme une impolitesse et presque comme une insulte à l’hôte qui reçoit de laisser des reliefs.

Ainsi, que l’on ait faim ou non, il faut manger jusqu’à n’en pouvoir plus. Coutume fort agréable aux gourmands, mais qui souvent place dans une situation fort pénible et presque ridicule les étrangers accoutumés à ne prendre que le nécessaire.

Lorsque tous les mets eurent disparu, l’haciendero se leva. Tous les convives imitèrent aussitôt ce mouvement ; et les chefs allèrent s’accroupir autour du feu du conseil.

Les guerriers, sauf un qui resta debout à quelques pas en arrière, prirent place sur les gradins inférieurs, étagés tout autour de la case.

Huit personnes entouraient silencieusement le feu du conseil.

Ces huit personnes étaient :

Don Cristoval, son fils don Poncho, Julian, Bernardo, Charbonneau, et les trois sachems Comanches.