Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/76

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tomahawk, une poire à poudre et un sac de balles.

Les armes étaient de luxe et de premier choix ainsi que la poudre.

Malgré cette impassibilité indienne que rien ne peut démonter, les yeux des Peaux-Rouges étincelaient de joie, et l’on voyait sur leurs traits les efforts qu’ils faisaient pour ne pas la laisser éclater.

En effet, ils ne pouvaient recevoir de plus magnifiques et plus précieux cadeaux.

— Quand sommes-nous venus au grand calli en pierres de notre père le Sagamore sans nous en retourner les mains pleines ? dit le plus ancien Sachem avec une émotion qu’il essayait vainement de maîtriser : le remercier serait presque lui faire une injure ; il lit dans les cœurs de ses enfants, cela lui suffit.

Les Peaux-Rouges se levèrent alors, et on échangea les compliments du départ.

Les ambassadeurs se préparaient à quitter le calli-médecine, lorsque le mayordomo qui, après sa distribution faite, s’était retiré, rentra, et s’approchant de don Cristoval de Cardenas, il lui dit, de façon à n’être entendu que de lui :

— Un parlementaire envoyé par le Mayor demande à vous entretenir d’une affaire pressante.

— Un parlementaire du Mayor ? fit l’haciendero avec surprise.

— Oui ; il attend.

— Où est-il ?

— Dans le salon rouge, gardé par quatre hommes ; d’ailleurs, lorsqu’il s’est présenté à la Rancheria, on lui a enlevé ses armes, et ce n’est que les yeux bandés qu’on l’a laissé pénétrer dans la Rancheria et dans l’hacienda.

— Bien ! qu’il attende, et surtout qu’on ne lui enlève pas son bandeau, il est important qu’il ne voie pas les Peaux-Rouges, et qu’il ne sache pas qu’ils sont venus ici…

— Oh ! soyez tranquille, il n’a rien vu et ignore tout.