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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/80

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— Voyons, fnissons cette plaisanterie ! reprit-il en riant faux. Je ne la trouve pas amusante du tout. Je n’ai rien à voir avec vous, quand je vous dis que je ne vous connais pas !

— C’est possible ! mais je vous connais, moi, señor Masamora ! et il y a assez longtemps que je désire vous parler et vous tenir entre mes mains pour que je ne vous laisse pas me fausser ainsi compagnie, lorsque le hasard vous livre si bénévolement à moi, au moment où je désespérais presque du succès de mes recherches. Nous avons un vieux compte à régler, cher señor !

— Ah ? vous me connaissez, vous ? répondit l’aventurier en lui lançant un regard louche. Au fait, c’est vrai : moi aussi, maintenant, je vous reconnais ; vous êtes ce chasseur nommé le Cœur-Sombre, auquel j’avais volé son cheval, et qui m’a logé une balle dans l’épaule pendant que je me sauvais avec. Eh bien, après ? Vous avez repris votre cheval, et c’est moi qui aurais le droit de vous en vouloir à cause de la blessure que vous m’avez faite ; mais ajouta-t-il, avec un sourire sinistre, je ne vous en veux pas.

Julian sourit avec dédain :

— Passons, dit-il, êtes-vous disposé à me répondre ?

— C’est selon ce que vous me demanderez.

— Pourquoi êtes-vous venu ici ?

— Me considérerez-vous comme parlementaire si je vous réponds ?

— Les voleurs de grand chemin n’envoient pas de parlementaires. Vous êtes prisonnier, voilà tout. Selon que vous répondrez, votre situation deviendra meilleure, ou plus mauvaise.

— Tout ce que je vois de plus clair dans tout cela, c’est que je suis victime d’une trahison ; je ne répondrai pas.

— Peut-être saurai-je vous y contraindre.

— Je voudrais bien savoir comment ! répondit-il avec insolence.

— Oh ! les moyens ne manquent pas, j’en connais