Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/81

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plusieurs très efficaces, reprit froidement le chasseur. Tenez, par exemple, celui que vous avez employé vous-même, il y a quinze jours à peine, au Saut-de-l’Ours, avec un négociant, don Pedro Castez, qui refusait de répondre à vos questions, et que vous avez réussi, en moins de dix minutes, à rendre bavard comme un lorot (perroquet).

L’aventurier tressaillit.

Son visage se couvrit d’une pâleur terreuse, ses yeux lancèrent un éclair de haine.

— Ah ! vous savez cela aussi ? murmura-t-il presque à voix basse, tant pis pour vous, vous l’aurez voulu !

Et rapide comme la pensée, il se rua sur le chasseur en brandissant un couteau que jusque-là il avait tenu caché.

— Tu vas mourir, chien ! s’écria-t-il avec fureur.

Mais Julian n’était pas un de ces hommes que l’on peut surprendre facilement.

Il ne perdait pas le bandit du regard.

Au moment où celui-ci levait son couteau avec un rugissement de tigre, le chasseur lui détacha un formidable coup de poing dans l’estomac.

Le Sang-Mêlé fit ouf ! se plis presque en deux, laissa échapper son couteau et s’abattit sur le sol comme un bœuf assommé à l’abattoir.

Cette scène fut si rapide que les assistants, frappés de stupeur, n’eurent pas même le temps d’essayer une intervention, qui serait arrivée trop tard.

Le bandit avait perdu connaissance.

Sur l’ordre du Julian, les peones se hâtèrent de le garrotter solidement après l’avoir fouillé.

Mais cette fois, il n’y avait plus rien à craindre.

Il avait perdu sa dernière arme.

Julian, toujours froid et impassible, examina attentivement le misérable.

Celui-ci râlait sourdement.

— Détachez son bras droit, dit le chasseur, en re-