Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/83

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Julian avait fendu la manche du dolman de l’aventurier dans toute sa longueur, avait fortement serré le bras et avait aussitôt pratiqué une saignée.

Mais le sang ne vint pas tout de suite.

Cependant, après quelques instants, une goutte d’un sang noir apparut à la lèvre de la blessure, puis une seconde, puis une troisième, le sang commença à couler doucement, puis plus vite, enfin il s’élança noir et écumeux.

Quelques minutes s’écoulèrent ainsi.

Enfin le bandit eut un frisson qui secoua tout son corps ; il poussa un soupir douloureux, et ses yeux s’entrouvrirent faiblement.

Cependant peu à peu il revint à lui : ses lèvres tremblèrent, et après quelques efforts, il murmura d’une voix basse et entrecoupée :

— Je ne suis donc pas mort ?

— Pas encore pour cette fois, dit Bernardo en riant ; mais il s’en est fallu de peu.

Bientôt le bandit reprit toute sa connaissance.

La mémoire lui revint, et avec la mémoire le souvenir de ce qui s’était passé, et la douleur aiguë du coup qu’il avait reçu.

Il restait plongé dans ses réflexions et semblait sortir d’un rêve.

Julian lui avait fait une copieuse saignée.

Il arrêta le sang et banda solidement la plaie.

— Voilà qui est fait, dit Julian en essuyant sa lancette et la replaçant dans sa trousse. Eh bien, ajouta-t-il en s’adressant au blessé, maintenant serez-vous raisonnable, ami Masamora ?

— Vous pouviez me tuer ! grommela le bandit avec ressentiment.

— Très facilement, si je l’avais voulu, répondit froidement le chasseur : si j’avais frappé un demi-pouce plus haut, vous étiez tué roide ; mais je ne voulais que vous donner une leçon.

— Elle est rude ; je m’en souviendrai longtemps.