Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/84

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— C’est probable.

— Et moi, qui me figurais que personne ne m’égalait en force dans les savanes, dit-il avec un soupir de regret ; vous m’avez rudement prouvé combien je me trompais.

— Souvent l’adresse vaut mieux que la force, répondit en riant le chasseur.

— Dites ce que vous voudrez, reprit-il d’un air honteux ; je ne vous démentirai pas, et je n’essaierai plus lutter avec vous : je ne serais pas de force, vous m’avez brisé l’estomac.

— Non ! déformé seulement ; cela se remettra bientôt.

— Ah ! puissiez-vous dire vrai ! Mais, c’est égal, voilà une affaire qui ne me fait pas honneur, reprit-il en soupirant. Pourquoi m’avez-vous ficelé comme une carotte de tabac ? Craignez-vous donc que je fasse encore quelque sottise ?

— Si vous me promettez d’être sage, on vous détachera.

— Quand même je ne le voudrais pas, je serais bien forcé de rester tranquille ; je suis plus faible qu’un enfant. D’ailleurs, j’ai mon compte : je ne bougerai pas.

Les assistants ne comprenaient rien au changement opéré si brusquement dans cet homme, qu’ils avaient vu si insolent et si emporté quelques instants auparavant.

Julian ordonna qu’on lui enlevât ses liens.

Lorsqu’il se vit libre, il fit un mouvement de joie et poussa un soupir de satisfaction.

— Maintenant que je vous ai fait rendre la liberté de vos membres, consentirez-vous à répondre de bonne volonté à mes questions ?

— Oui, si je puis répondre aux demandes que vous m’adresserez.

— Qu’entendez-vous par là ?

— Je veux dire que je répondrai, si je sais les choses que vous me demanderez.