tenir à cheval et rejoindre vos six compagnons, campés à trois lieues d’ici, dans le chaparral — espèce de maquis — de San Antonio.
— Comment, vous savez que j’ai des amis campés au chaparral de San Antonio ! s’écria-t-il avec surprise.
— Vous le voyez bien, répondez.
— Je crois qu’en marchant doucement je pourrai les rejoindre ; mais vous me laisserez donc véritablement partir ? Vous ne me garderez pas prisonnier ?
— Que diable voulez-vous que je fasse de vous ici ? à moins de vous pendre, et je ne m’en soucie pas ; cependant…
— Non pas, non pas ! s’écria vivement le bandit ; vous m’avez promis de me rendre la liberté.
— Eh bien, c’est convenu, vous partirez.
— Ah ! fit-il avec un soupir de soulagement.
— Mais vous vous chargerez de ma réponse au Mayor ?
— Je lui rapporterai vos paroles textuellement, comme je vous ai rapporté les siennes.
— Voilà qui est bien. Écoutez donc avec attention.
— Soyez tranquille, je n’oublierai pas un mot.
— À la bonne heure ! Vous direz au Mayor qu’il ne s’est pas trompé ; qu’il ne verra plus Sebastian, que cet homme a parlé, qu’il a confessé tout : le meurtre de la maison déserte, le nom de l’assassin et celui de la victime, et qu’il a terminé ses révélations par le faux suicide du camp de Gebel-Al-Tarik ; que cette confession, écrite sous la dictée de Sebastian et signée par lui et les personnes qui ont assisté à ce sombre récit, a été adressée aux autorités françaises pour y donner les suites qu’il peut prévoir ; que, quant à ses menaces d’incendie et d’assassinat, s’il essaye de les mettre à exécution, nous le recevrons comme il le mérite. Vous souviendrez-vous bien de tout ce que je vous ai dit ? Voulez-vous que je vous la répète une seconde fois ?
— Oui, cela vaudra mieux.
Julian répéta mot pour mot ce qu’il venait de dire.
Le bandit l’écouta avec la plus sérieuse attention.