Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/85

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— Bien ; dites-moi pourquoi vous êtes venu ici ?

— Un des amis du Mayor, nomme Sebastian, a disparu depuis hier au soir. Il devait aujourd’hui revenir au camp, vers quatre heures de l’après-dîner ; cet homme n’a pas reparu ; certains renseignements, recueillis je ne sais où par le Mayor, lui font supposer que Sebastian a été arrête par vous, et que vous le gardez prisonnier dans l’hacienda.

— Après ?

— Le Mayor, fort inquiet de son ami, m’a chargé de me rendre en parlementaire à la Florida. Je ne me souciais pas de cette commission, c’était un pressentiment ; mais le Mayor n’est pas un homme auquel on puisse désobéir. Après m’avoir assuré que ma qualité de parlementaire me ferait respecter par vous, voyant que j’hésitais encore, il a pris un revolver à sa ceinture, et il m’a menacé de me brûler la cervelle si je n’acceptais pas la mission dont il me chargeait : comme je savais que je n’avais pas de grâce à espérer de lui, je partis, et je suis venu ici pour mon malheur.

— Bien ; le Mayor ne vous a pas chargé de nous dire autre chose ?

— Si, voici ses propres paroles : Je sais que Sebastian est entre les mains de don Cristoval de Cardenas ; s’il ne rend pas immédiatement la liberté à mon ami, je m’emparerai de son hacienda ; j’y mettrai le feu et j’égorgerai hommes, femmes et enfants, tous les individus qui tomberont entre mes mains, et je vengerai ainsi mon ami traîtreusement assassiné par don Cristoval de Cardenas.

— Est-ce tout ?

— C’est tout, oui, Cœur-Sombre.

— Fort bien. Où est campé le Mayor ?

— À douze lieues d’ici, à vol d’oiseau, au Cañon de Marfil, — au défilé d’Ivoire, — mais demain il doit lever le camp et se retirer à sept ou huit lieues plus loin ; j’ignore à quel endroit.

— Peu importe, vous sentez-vous assez fort pour vous