Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/9

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mier soin, dès que nous fûmes délivrés de ces bandits, fut de porter secours au pauvre diable d’aventurier, qui gisait étendu sous son cheval. Mais tous nos soins furent inutiles, cet homme était mort, nous ne pouvions plus lui rendre qu’un service, l’enterrer afin de soustraire son corps aux bêtes fauves, ce que nous fîmes immédiatement. Ce fut alors qu’au moment de le descendre dans la fosse que nous avions creusée pour lui servir de sépulture, la pensée m’étant venue de fouiller ses vêtements, pour essayer de savoir qui il était, je trouvai caché dans sa faja une lettre, dont je m’emparai et que je lus. Cet homme était un émissaire de vos ennemis ; il portait au Mayor un message pressé de son complice. Du reste, voici cette lettre, son contenu vous renseignera mieux encore que je ne pourrais le faire moi-même.

Julian retira alors la lettre de son portefeuille et la lut à haute voix.

— C’est grave, très grave, dit l’haciendero en hochant la tête.

— Voilà pourquoi je suis revenu en toute hâte, reprit Julian, ne soupçonnent nullement la joie immense qui m’attendait ici.

— Comme toujours, caballero, je vous retrouve près de moi à l’heure du danger, dit l’haciendero avec une profonde émotion. Comment pourrai-je jamais m’acquitter envers vous ? Hélas ! je suis impuissant à vous prouver ma reconnaissance, je ne puis que vous remercier !

— Pourquoi me remercier, cher don Cristoval ? ce que je fais est tout simple, je remplis un devoir d’honnête homme, voilà tout.

— C’est encore une nouvelle dette que je contracte envers vous, cher seigneur.

— Allons donc ! vous plaisantez, señor don Cristoval ; est-ce que tous les honnêtes gens ne doivent pas se soutenir et s’aider entre eux ?

— Parbleu ! fit Bernardo ; et quant au Mayor et à ce misérable Calaveras ou, pour le nommer par son vrai nom, Felitz Oyandi…