Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/10

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— Comment ! s’écria à ce nom le docteur au comble de l’étonnement, ce Calaveras n’est autre que cette chenille de Felitz Oyandi ! Il vit encore ! Le bruit a couru, il y a quelque temps, dans l’armée, qu’il avait été tué et scalpé par les sauvages.

— Malheureusement il a échappé, vous le voyez, mon père : hideux, méconnaissable, boiteux, avec un bras de moins, mais plus féroce, s’il est possible, qu’il ne l’était auparavant.

— Cette fois, je te le répète, reprit Bernardo, s’il me tombe sous la main, je l’écrase comme une vipère ; c’est une duperie d’épargner de tels misérables !

— Oh ! sois tranquille, ami, dit Julian avec ressentiment, je ne lui ferai plus grâce ! Denizà est près de moi à présent !

— À la bonne heure, dit le docteur. Tu dois avant tout défendre ta fiancée. Qui sait si ce misérable n’a pas appris l’arrivée de Denizà au Mexique, et sa présence à l’hacienda, et si le but caché du coup de main qu’il médite n’est pas de prendre de toi une revanche éclatante en enlevant ta fiancée ?

— Tout est possible quand il s’agit d’un tel misérable, mon père ; toute supposition est juste ; mais Bernardo et moi nous veillerons.

— Oui, sur ma foi de Dieu ! s’écria Bernardo, qu’il y prenne garde !

— Nous veillerons tous, dit l’haciendero : tous, nous sommes menacés. Le temps nous presse ; ces bandits peuvent nous attaquer d’un moment a l’autre, quand nous y penserons le moins.

— Oui, reprit Julian ; aussi il importe que des mesures énergiques soient prises le plus tôt possible, afin de ne pas être surpris.

— Je me charge d’avoir du renfort à Urès, dit le docteur, ou à Paso del Norte, où se trouve un bataillon de chasseurs à pied.

— De mon côté, je ferai venir du monde de mes pa-