Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/90

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Dès que la petite troupe avait pris pied dans la savane, trois chasseurs avaient été lancés en avant en batteurs d’estrade, afin d’éclairer le terrain.

Derrière aux, le reste de la troupe s’avançait au galop de chasse, se dirigeant, autant que faire se pouvait, en droite ligne, afin d’atteindre le plus promptement possible le but de leur course nocturne.

Les chasseurs, aguerris à tous les bruits de la savane, causaient entre eux à voix basse sans se préoccuper le moins du monde des miaulements saccadés des jaguars, des aboiements des loups rouges, des bramements des élans, non plus que des beuglements des bisons couchés dans les hautes herbes, et à dix pas desquels ils passaient souvent.

Mais, tout en causant, ils avaient constamment l’œil et l’oreille au guet ; et, pour surcroît de précautions, ils tenaient le fusil sur la cuisse.

Après une course d’environ trois quarts d’heure, le mot de : halte ! circule à voix basse dans les rangs, et chaque cavalier devint immobile.

Depuis vingt minutes environ, les chasseurs s’étaient engagés sous bois, et à la lueur d’une lumière crépusculaire ils suivirent les méandres enchevêtrés les uns dans les autres d’une sente de bêtes fauves, où l’instinct infaillible des deux guides réussissait seul a les diriger sûrement.

Après avoir pendant un instant soigneusement examiné l’endroit où il se trouvait, et s’être consulté a voix basse avec Bernardo, Charbonneau imita, à deux reprises différentes, le cri de l’orfraie.

Presque aussitôt le même cri fut répété à une courte distance.

Une masse sombre surgit du milieu d’un buisson, à dix pas à peine en avant des chasseurs.

Depuis que la petite troupe avait abandonné la savane pour se lancer sous bois, les batteurs d’estrade s’étaient repliés, et s’étaient réunis à leurs compagnons.

— Qui vive ! cria une voix rude en français, en même