Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/91

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

temps que l’on entendait le craquement sec de la batterie d’un fusil que l’on arme.

— Main-de-Fer et l’Épervier, répondit aussitôt Charbonneau.

— Vous êtes bien nombreux, reprit la voix.

— Cœur-Sombre et quelques chasseurs nous accompagnent, reprit le Canadien.

— Ah ! c’est vous, Castor, dit alors Julian, je suis heureux de vous retrouver, mon vieux camarade. Belhumeur est-il au camp ?

— Il est arrivé ce soir, au coucher du soleil. Soyez le bienvenu parmi nous. Cœur-Sombre, répondit l’homme auquel Julian avait donné le nom de Castor. Avancez, personne ne vous barrera le passage ; je vais aller moi-même vous annoncer.

— Allez, compagnon, nous marcherons doucement, reprit Julian.

Le Castor disparut au milieu des fourrés, et la petite troupe se remit en marche.

Bientôt les chasseurs aperçurent à travers les arbres les lueurs de plusieurs feux allumés de distance en distance, sur un assez grand espace, et autour desquels plusieurs hommes étaient accroupis ou couchés, roulés dans leurs couvertures.

Cinq minutes plus tard, ils atteignirent la limite du couvert et débouchèrent dans une immense clairière de cinquante ou soixante acres au moins d’étendue.

C’était le brûlis de la Hulotte bleue.

À l’entrée de la clairière, une dizaine de chasseurs attendaient, la crosse en terre et les mains croisées sur l’extrémité du canon de leurs longs rifles américains.

Nous avons trop souvent eu l’occasion de décrire à nos lecteurs le costume pittoresque des coureurs des bois pour faire ici une redite inutile.

Le Canadien Belhumeur, vieux coureur des bois, mais très vigoureux et très vert encore, avait quitté depuis deux mois à peine les Terres-Chaudes de l’Atlantique, ou il avait servi pendant quelque temps dans la contre-