Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/95

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tristesse, et toutes les formalités que nous devons remplir.

— Je le sais, mon compagnon, répondit Julian, aussi je vous laisse pleine liberté d’action, agissez donc selon votre conscience.

— Nous serons impartiaux, mais justes, fermes et inexorables si notre conscience l’exige, repartit Belhumeur ; attendrons-nous le lever du soleil, ou bien ferons-nous comparaître immédiatement l’accusé devant nous ?

— Dans les circonstances où nous nous trouvons actuellement, il m’est fort difficile de quitter l’hacienda, menacée à chaque instant d’une surprise par le Mayor, répondit Julian ; ensuite il me semble qu’il y aurait presque de l’inhumanité à laisser pendant plusieurs heures encore ce misérable en proie aux appréhensions terribles qui doivent lui tordre le cœur, et que mieux vaut en finir avec lui, soit qu’il soit reconnu coupable, ou déclaré innocent.

— Vous avez raison, compagnon, mieux vaut en finir… Il sera donc fait comme vous le désirez ; et s’adressant aux autres chasseurs :

— Amis, reprit-il, veuillez éveiller nos compagnons et les convoquer tous au grand acte qui va avoir lieu.

Plusieurs chasseurs se levèrent aussitôt sans répondre, et allèrent en toute hâte s’acquitter de la mission que Belhumeur leur confiait.

En effet, se partageant la besogne, on les vit bientôt allant à tous les feux, éveillant les dormeurs et les adjurant de se rendre au feu de Belhumeur pour assister aux assises du juge Lynch.

Les chasseurs ainsi convoqués, se levaient, prenaient leur fusil, et, sans faire la moindre observation, ils se dirigeaient vers le point désigné pour le rendez-vous général.

Vingt minutes plus tard, quatre-vingts chasseurs, y compris ceux venus de l’hacienda, hommes taillés en athlètes pour la plupart, aux traits sombres et énergiques, appuyés sur leurs fusils, étaient rangés en cercle autour du feu.