Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/106

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qu’il te trouvât là-bas pour le recevoir à son arrivée ; du reste, tu agiras comme tu le jugeras à propos.

— Je t’obéirai, mon ami. Dans deux jours, c’est-à-dire après-demain soir, je quitterai Paris par le train express de onze heures dix minutes.

— Tu es charmante comme toujours, ma chère Mariette !

— Oui, parce que, comme toujours, je fais ce que vous désirez, monsieur, répondit-elle en souriant. Comptes-tu sortir encore ce soir ?

— Ma foi, non, je me sens fatigué, je l’avoue, d’avoir tant marché pendant toute la journée. Si cela ne te déplaît pas trop, je resterai près de toi.

— Alors, je vais coucher Julian, qui dort le nez dans son assiette, et je reviendrai tout de suite te tenir compagnie.

— Va, chère femme, je t’attendrai ici en compagnie de Tahera et en fumant une cigarette.

— Dans quelques minutes, je reviendrai.

Elle se leva, prit dans ses bras l’enfant endormi qu’elle présenta au baiser paternel de chaque soir, et elle quitta la salle à manger.

Tahera, de même que tous les Indiens peaux-rouges, était peu causeur.

Bien qu’il comprît et parlât assez convenablement le français, il ne se mêlait jamais à la conversation, et se contentait de répondre par une phrase brève aux questions qu’on lui adressait.

Julian et Bernard ne causaient jamais avec lui qu’en langue comanche, ce qui faisait un véritable plaisir à Tahera.

Bernard alluma une cigarette et acheva de boire son café à petits coups, tout en réfléchissant à part soi au guet-apens dont il avait failli être victime deux heures auparavant.

Tout à coup la sonnette de la rue, violemment agitée, fit entendre son carillon.

— Qui diable peut venir me déranger aussi tard ? mur-