Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/107

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mura Bernard, en tressaillant malgré lui à cette sonnerie inattendue et de mauvais augure pour ses projets de dolce far niente ; il est près de onze heures, je n’attends et je n’ai donné rendez-vous à personne.

Le Comanche se leva.

— Tahera ira voir, dit-il.

Et, sans attendre la réponse de son ami, l’Indien quitta aussitôt la salle à manger.

— Diantre soit des importuns ! reprit. Bernard en proie à une inquiétude croissante, et qu’il ne pouvait définir ; ne peuvent-ils donc pas me laisser en paix !

La porte de la salle à manger s’ouvrit et Tahera reparut.

— Mon frère a vu la personne qui a sonné ? s’écria Bernard avec impatience ; quelle est-elle ?

— Le chasseur Bois-Brûlé, répondit laconiquement le guerrier indien.

— Comment ! Charbonneau ? s’écria Bernard en proie à une vive surprise. Que me veut-il ?

Le Comanche baissa affirmativement la tête.

— Le chasseur insiste pour parler tout de suite à la Main-de-Fer, ajouta-t-il ; la chose est grave.

Tahera n’avait jamais pu se décider à appeler Julian d’Hérigoyen et Bernado Zumeta autrement que par les surnoms par lesquels ils étaient connus dans les Savanes, c’est-à-dire le Cœur-Sombre et la Main-de-Fer.

Du reste, cela n’avait aucun inconvénient pour les deux hommes, le guerrier Comanche, ainsi que nous l’avons dit, ne causant jamais avec eux que dans sa langue natale ; d’ailleurs, ce souvenir de leur existence passée n’était nullement désagréable aux anciens coureurs des bois.

— Qu’il entre ! qu’il entre ! s’écria Bernard, le cœur serré par un sinistre pressentiment.

Il se leva avec agitation et passa dans son cabinet.

Presque aussitôt, notre ancienne connaissance Charbonneau entra.

Le chasseur était pâle et paraissait en proie à une vive émotion intérieure.