Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/114

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Et affectant un air riant, afin de ne pas inquiéter davantage sa charmante femme dont le visage était inondé de larmes, il l’embrassa tendrement et quitta la chambre à coucher.

Bernard retrouva le chasseur, marchant avec hésitation à travers le cabinet.

— J’ai quelques mots à vous dire encore avant que nous ne partions, ami Charbonnieau, dit Bernard.

Le chasseur s’arrêta en le regardant d’un air interrogateur.

— Attendez, reprit Bernard.

Et, s’approchant de la cheminée, il saisit un cordon de sonnette et le tira deux fois.

C’était sans doute un signal, car presque aussitôt Tahera pénétra dans le cabinet.

Bernard ferma la porte lui-même et, adoptant la langue comanche que le chasseur canadien parlait fort bien, il reprit :

— Écoutez attentivement la révélation que je vais vous faire, mes amis. Asseyez-vous pendant un instant.

Les deux hommes répondirent par un geste muet, mais affirmatif, en prenant des sièges.

— Ce soir, il y a quelques heures seulement, je rentrais après de longues courses faites à pied, car je préfère marcher, et ce n’est que lorsque je ne puis faire autrement que je prends une voiture ; au moment où je me disposais à ouvrir la porte du jardin donnant sur la rue de la Sablière pour rentrer chez moi, un homme a tiré sur moi, d’une embuscade, un coup de revolver, sans m’atteindre heureusement.

— Comment ! s’écria le chasseur avec inquiétude.

— Ehoà ! dit le Comanche d’une voix gutturale.

— Je ne suis pas blessé, je vous l’affirme. Le coup était bien dirigé, je dois en convenir ; mais, grâce à un saut de côté que je fis en m’affaissant sur les jarrets, la balle s’enfonça dans le mur à plus de cinquante centimètres au-dessus de ma tête ; rassurez-vous donc. Je me lançai aussitôt sur le drôle qui se préparait à recommencer, et je le sai-