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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/115

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sis à la gorge, ce qui lui fit tomber le revolver des mains ; malheureusement, après quelques instants d’une lutte acharnée, il me glissa comme un serpent entre les doigts et se sauva, sans qu’il me fût possible de voir son visage. Je ne sais pourquoi, je suis intimement convaincu que cette tentative brutale d’assassinat sur ma personne a des rapports directs avec l’enlèvement de notre pauvre chère Vanda. En effet, ici, à Paris du moins, je ne me connais qu’un seul ennemi assez résolu pour tenter un semblable guet-apens ; cet ennemi est aussi le vôtre, vous le connaissez depuis longtemps, il est donc inutile de vous le nommer.

— Le Mayor ! s’écria le chasseur canadien avec ressentiment ; ah ! comment n’avons-nous pas tué ce démon, lors de l’attaque de la Florida !

— C’est évidemment un grand malheur ; mais il n’est pas irréparable, du reste. Soyez bien certain que ce maudit n’aura rien perdu pour attendre. Sa double tentative de ce soir est une déclaration de guerre ; nous n’avons donc plus de ménagements à garder envers lui ; cette fois, il faut à tous risques en finir avec ce misérable ; Nous sommes de vieux chasseurs de bisons, depuis longtemps rompus à toutes les exigences du rude métier de coureur des bois ; nous connaissons toutes les ruses des Fauves de la savane. Bien que, dit-on, la police soit très bien organisée en ce pays, nous ne devons pas la charger de notre vengeance. Le Mayor lui donnerait trop facilement le change ; nous ne devons donc, à mon avis, ne compter que sur nous-mêmes pour réussir. Nous avons, dès ce moment, déterré la hache contre notre ennemi ; et, puisqu’il nous y contraint, nous lui ferons en plein Paris une guerre indienne, sans pitié et sans merci ; nous sommes donc sur le sentier de la guerre. Nous allons établir une grande piste médecine : dès que nous en tiendrons un des bouts, notre ennemi aura beau ruser et embrouiller ses traces, nous arriverons à l’autre bout, et cela promptement, je vous le prédis. Aussitôt que nous aurons franchi le seuil de cette maison, notre piste commencera.