Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/119

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mider par leurs fanfaronnades, ils ont jugé prudent de passer leur chemin, et ils ont bien fait, car il aurait pu leur en cuire !

— Combien étaient-ils à peu près ?

— Ils marchaient par petits groupes assez rapprochés, ce qui m’a permis de les compter ; en tout, ils étaient une quinzaine.

— De quel côté se dirigeaient-ils ? vous l’avez remarqué, sans doute ?

— Oui, monsieur, ils venaient du côté de l’église et remontaient la chaussée dans le direction du boulevard de Montparnasse.

— Et à votre avis, Michel, quelle sorte d’individus était-ce ?

— Des rôdeurs de barrières de la pire espèce, monsieur, cela se voyait tout de suite.

— Très bien, Michel. Vous monterez auprès du cocher, vous veillerez, surtout, lorsque nous arriverons dans certains passages déserts, et par conséquent très dangereux, que nous sommes obligés de traverser ; du reste, s’il survenait quelque incident imprevu, je vous avertirais ; recommandez au cocher de conduire bon train, ajouta-t-il en s’installant dans la voiture auprès du Canadien, qui s’était déjà accommodé dans un des angles du coupé.

Bernard referma lui-même la portière et la voiture partit au galop.

Au fur et à mesure que l’équipage se rapprochait de la gare du chemin de fer de l’Ouest, la chaussée se faisait moins déserte.

On rencontrait çà et la quelques individus attardés se hâtant de regagner leur logis.

On croisait quelques fiacres ; certains cafés étaient même encore ouverts.

Les choses se continuèrent ainsi le long de l’avenue du Maine, et même sur le boulevard Montparnasse jusqu’à la hauteur de la rue de Sèvres.

Mais, après avoir dépassé cette rue, la solitude redevint tout à coup complète.