Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/120

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À droite et à gauche s’étendaient de grands murs blancs et nus, servant de clôtures aux jardins des nombreux couvents groupés dans ce quartier, coupés de temps en temps par des maisons particulières ou des édifices publics.

C’était dans ces parages que le danger devait exister, si, comme le supposait Bernard, quelque guet-apens avait été dressé.

L’ex-coureur des bois redoubla d’attention, prêt à agir au premier mouvement suspect.

La voiture approchait du boulevard des Invalides ; l’hôtel splendide construit par le roi XIV pour abriter les vétérans et les éclopés de nos grandes guerres, détachait en vigueur les contours majestueux de ses lignes grandioses sur l’horizon lumineux de cette nuit presque tropicale.

Le boulevard était complètement désert.

À gauche, il y avait une église en construction, entourée d’échafaudages et de palissades.

À droite, une clôture en planches remplaçait les maisons absentes.

L’endroit était des plus favorables pour une attaque nocturne, sauf que, grâce à la lune et à la pureté transparente de l’atmosphère, on y voyait presque comme en plein jour.

Un sifflement doucement modulé, ressemblant à celui du castor, se fit entendre.

Bernard baissa la glace de devant.

— Attention ! dit-il à voix basse ; quoi qu’il arrive, n’arrêtez pas la voiture.

— Compris ! dit le cocher, sur le même ton.

— Vous êtes armé, n’est-ce pas ? demanda Bernard au chasseur.

— J’ai deux revolvers à six coups, répondit Charbonneau en s’éveillant en sursaut, car le digne chasseur s’était tout prosaïquement endormi. Est-ce que vous craignez une attaque ?

— Oui ; le cocher et le valet de pied sont-ils armés ?

— Chacun d’eux a une paire de revolvers, je vous l’ai dit déjà.