Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/12

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Au lieu de remonter à cheval, Armand congédia son valet de pied et reprit à pied le chemin de l’hôtel.

Mais comme il était fort préoccupé de la scène émouvante à laquelle il avait assisté dans le bureau du commissaire de police, et qu’il ne faisait pas attention à la direction qu’il suivait, au lieu de se rendre directement chez lui par le boulevard de Courcelles, le jeune homme fit un crochet, sans s’en apercevoir, et, lorsque par hasard il releva la tête, il reconnut qu’il longeait les murs de son parc, et que, par conséquent, il se trouvait sur les derrières de l’hôtel.

Le comte sourit de son étourderie et continua son chemin ; quelques pas de plus ou de moins lui importaient peu.

Le parc de l’hôtel de Valenfleurs avait, à son extrémité, une porte, ou plutôt un guichet percé dans la muraille, pour les besoins du service du jardinier et de ses aides.

On passait rarement par cette porte. Le comte Armand ne se souvenait pas de l’avoir vue une seule fois ouverte ; il croyait même avoir entendu dire que la clef avait été perdue, depuis un an ou deux, et qu’à la suite de cette perte, la porte avait été définitivement condamnée.

Aussi sa surprise fut-elle grande, lorsque, arrivé à quelques pas de cette porte, il aperçut une dame arrêtée devant elle.

Il pressa le pas ; mais en l’entendent venir, la dame inconnue ouvrit vivement la porte, s’élança dans l’entrebâillement et la referma aussitôt derrière elle.

Ce double mouvement avait été si prestement exécuté, qu’il avait été impossible à Armand de reconnaître cette dame, qu’il n’avait fait qu’entrevoir, et n’avait pu joindre, à cause de la surprise qu’il avait éprouvée, et qui l’avait littéralement cloué à la place où il se trouvait.

Lorsque, revenu de sa surprise, il s’élança vers la porte et la poussa brusquement, elle resta immobile.

Elle était solidement refermée.

Le jeune homme avait cru un instant saisir une vague ressemblance entre cette inconnue aux allures si promptes