Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/143

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vieille ; elle a fait, je crois, il y a longtemps, partie du Palais-Royal. Quand je fus pour acheter cette maison, mon architecte découvrit ce passage ; il avait été condamné, mais non détruit ; je l’ai fait rétablir, voilà tout, afin de m’en servir au besoin. Vous voyez que cette nuit il nous est utile.

— Très bien ! C’est égal, c’est drôle et surtout fort ingénieux.

— Non pas, je suis convaincu que dans d’autres maisons de cette rue, il existe de semblables passages : n’oubliez pas que le Palais-Royal d’aujourd’hui ne ressemble en rien à ce qu’il était lorsque le cardinal de Richelieu le fit construire.

— C’est juste, répondit en riant Bernard ; à cette époque, déjà reculée, on se servait beaucoup plus souvent des issues dérobées que des véritables portes.

Tout en causant ainsi, les deux hommes descendaient un grand et bel escalier à rampe de fer, mais sombre en ce moment, à cause de l’heure avancée de la nuit.

— Cette maison et celle par laquelle vous êtes entré m’appartiennent, reprit Williams Fillmore, elles sont d’un excellent rapport.

— Je vous en félicite, répondit Bernard, qui, tout à ses pensées, était médiocrement intéressé par ces détails.

Enfin, ils atteignirent le palier, traversèrent le porche, Williams Fillmore ouvrit le guichet de la porte cochère avec une clef qu’il prit dans sa poche, et les deux hommes se trouvèrent dans la rue de Valois.

La voiture attendait, un domestique tenait la portière ouverte.

— Avez-vous vu quelque chose ? demanda l’Américain en montant dans la voiture.

— Non, monsieur, rien.

— Dites au cocher de suivre monsieur au pas.

Le cocher fit tourner la voiture et reprit au pas la direction de la cour des Fontaines, où Bernard, qui marchait en avant, lui ordonna d’un geste d’arrêter.

— Descendez donc un instant, dit le coureur des bois à