Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/148

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— Que cet homme a tenté d’assassiner la Main-de-Fer.

— Comment ! en plein boulevard ? C’est impossible !

Tahera hocha la tête ; et, relevant la manche de son bras gauche :

— Voici la preuve, dit-il, toujours impassible.

Et il lui montra une blessure, fort légère à la vérité, à son poignet gauche, mais suffisante pour ne laisser aucun doute sur les intentions meurtrières de l’inconnu.

— Sur ma foi de Dieu ! s’écria le coureur des bois avec indignation, la blessure est-elle grave ?

Tahera sourit avec dédain.

— Une femme Comanche en ferait de plus profondes avec un fuseau.

— À la bonne heure ! mais je te dois la vie…

— Bon ! la Main-de-Fer ne rêvera pas toujours ; la première fois, ce sera à son tour de défendre son ami et il sera quitte : un ami ne compte pas avec un autre.

— C’est vrai, mon frère et le cas échéant, je n’y manquerai pas. Mais, sur mm honneur ! cela dépasse les bornes ; le premier de ces misérables qui me tombera sous la main, je veux perdre mon nom si je ne l’éventre…

— Celui-là ne recommencera pas, dit l’Indien avec un sourire sinistre.

— Bah ! comment cela ? Mon frère aurait-il frappé ?

L’Indien fit un geste affirmatif.

— Le chien s’est enfui en emportant le couteau de Tahera planté en pleine poitrine ; Tahera est un guerrier, quand il frappe un ennemi, il le tue.

— Pardieu ! voilà qui est bien, s’écria Bernard en riant ; le misérable n’a que ce qu’il mérite ; allons voir un peu ce qu’il est devenu ?

— Allons ! dit froidement l’Indien.

Les deux hommes rebroussèrent alors leur chemin, et s’engagèrent dans la rue Montmartre.

Tahera avait dit vrai.

À peine le bandit, lancé à toute course, avait-il fait une cinquantaine de pas dans la rue, qu’il avait senti ses forces