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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/149

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l’abandonner tout à coup : une sueur froide avait inondé son visage…

Il avait battu l’air de ses bras en chancelant comme un homme ivre, et soudain il était tombé à la renverse sur le trottoir, sans même essayer de se retenir : avant d’avoir touché le sol il était mort !

Lorsque les deux amis arrivèrent près du cadavre, ils s’arrêtèrent.

La rue était complètement déserte.

— Mon frère, vois, dit l’Indien avec orgueil ; Tahera est un grand guerrier.

Il se baissa et retira le couteau, qu’il essuya sur les vêtements du mort, en disant avec une mordante ironie :

— Il n’en a plus besoin.

— Que mon frère cache ce couteau. Retournons ; nous n’avons plus rien à faire ici.

— Encore deux de moins, dit Tahera.

— C’est juste, dit gaiement Bernard ; c’est autant de gagné.

Ils retournèrent alors vers le boulevard.

Plus tard, quelques rares passants aperçurent ce corps étendu sur l’asphalte ; ils le prirent pour un homme ivre, endormi, et n’y firent pas attention.

Le cadavre resta là abandonné jusqu’au jour, où les balayeurs le relevèrent enfin.

À cette époque, les sergents de ville avaient autre chose à faire que de veiller sur la paix publique et la sûreté des citoyens.

Passe minuit les rondes cessaient, et ce n’était que par hasard que, parfois, on apercevait un sergent de ville.

Bernard et Tahera traversèrent cette fois la chaussée sans incident nouveau et se dirigèrent vers leur voiture arrêtée à l’endroit convenu.

— Avez-vous du nouveau ? demanda Bernard au valet de pied.

— Non, monsieur, répondit Michel.

— C’est bien ; nous rentrons. Dites au cocher de tou-