Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/155

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crime odieux. Cette affaire vous fit grand honneur, monsieur. Ce procès eut lieu à Saint-Jean-de-Luz.

— Ah ! fit le policier, avec une grimace de mauvaise humeur, vous voulez parler de l’affaire Garmandia ?

— Précisément, monsieur ; le marquis de Garmandia, autant que je puis me le rappeler, avait assassiné sa femme avec des raffinements de cruauté atroces ; le juge d’instruction, reconnaissant de l’immense service rendu par vous à la justice dans cette circonstance, et de l’embarras dont vous l’aviez tiré, vous chargea, je crois, sur votre demande, de l’exécution du mandat d’amener ?

— Oui, monsieur, tout cela est exact.

— Sans doute, vous avez eu la joie d’arrêter le coupable, qui se trouvait, je crois, en Algérie ?

Le policier fit une seconde grimace, plus accentuée que la première.

— Eh bien ! non, monsieur, je n’ai pas arrêté ce misérable. Prévenu sans doute de ce qui le menaçait, il se brûla la cervelle, afin de ne pas payer sa dette à la justice.

— J’avais, en effet, entendu parler de quelque chose comme cela, reprit Bernard ; mais j’étais alors éloigné de France, et j’ai été mal informé sans doute.

— Ah ! fit le policier d’un air cauteleux. Eh bien ! voulez-vous que je vous dise ma pensée tout entière sur cette mystérieuse affaire, monsieur ?

— Je serais très flatté, monsieur, de connaître l’opinion d’un homme comme vous à ce sujet ; ne serait-ce que pour savoir si nous sommes du même avis sur un point resté pour moi obscur.

Le policier lui lança un regard d’une expression singulière.

— Vous savez quelque chose ? s’écria-t-il.

— Peut-être, répondit-il en souriant. Mais dites-moi toujours ce que vous supposez.

— Eh bien ! monsieur, pensez-en ce que vous voudrez, reprit-il avec une certaine animation ; quant à moi, voici mon opinion : le marquis de Garmandia, je l’ai dit et je l’ai soutenu, même devant mes chefs, ce qui m’a porté de