Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/183

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d’une lettre et d’un brouillon de lettre, de deux écritures différentes, dont l’une est évidemment celle d’un homme ; la demande et la réponse, sans doute. J’ai déjà réussi à déchiffrer la lettre : elle est très courte, cela a été tout seul ; mais quant au brouillon de réponse, il est beaucoup plus long et par conséquent, beaucoup plus difficile : il faut toujours que les femmes fassent des phrases à perte de vue pour ne rien dire d’utile, quand quelques mots suffiraient. Cela me donnera du travail ; mais, soyez tranquille, j’y arriverai.

— Un mot, je vous prie, cher monsieur ? demanda Julian.

— À vos ordres, monsieur,

— Pourquoi vous servez-vous du terme « déchiffrer » en parlant de ces lettres, dont déjà vous avez, dites-vous, lu la première ?

— Parce que c’est le terme juste, monsieur ; en voici l’explication. Trois classes de gens écrivent en chiffres : les diplomates, les voleurs et les amoureux. Maintenant, veuillez me dire dans laquelle de ces trois classes miss Lucy Gordon doit être placée ; car elle reçoit des lettres chiffrées et répond de la même manière.

— Oh ! cela est impossible ! s’écria Julian avec indignation, en jetant, comme malgré lui, un regard circulaire sur cette chambre qu’il avait tant admirée.

— Vous ne me croyez pas, monsieur, cela ne saurait me surprendre ; mais comme il importe que vous ne me supposiez pas capable d’une imposture infâme, soyez donc convaincu, monsieur.

Et retirant un papier de son portefeuille, il le présenta à Julian.

Celui-ci l’accepta machinalement et essaya de le lire.

— Mais, s’écria Julian désappointé, après quelques efforts infructueux, je ne puis rien lire, cela n’a pas de sens ; que signifie cet imbroglio !

Voici ce qui était écrit sur le papier remis par le policier à M. d’Hérigoyen :