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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/209

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vôtres, dit-il d’une voix creuse, je vous demanderai un compte terrible de ce que vous me contraignez…

— Vous aurez raison, si je suis assez niais pour ne pas me sauvegarder, interrompit-il brutalement. Les trois cent mille francs, où sont-ils ?

Le Mayor sortit un portefeuille de sa poche, l’ouvrit et en retira deux liasses de billets de banque.

— Les voici, monsieur ; ils sont en billets de cinq mille francs ; chaque liasse est de trente billets.

Et il tendit les deux liasses au Loupeur.

— Vous pouvez compter, ajouta-t-il.

— C’est ce que je vais faire, monsieur, répondit le bandit en prenant les liasses et les défaisant pour les examiner.

Il y eut un silence, pendant lequel le Loupeur compta les billets et les examina avec le plus grand soin.

— Le compte est juste, dit-il enfin.

Il rattacha les deux liasses et les fit disparaître.

— Ce n’est pas tout, dit-il.

— Quoi encore ? demanda le Mayor avec une visible impatience.

— Vous vous êtes engagé à me remettre un passeport diplomatique en blanc, mais signé et paraphé de façon à ce qu’il n’y ait plus qu’à écrire les noms et la destination.

— C’est parfaitement exact, monsieur, voici un passeport signé par l’ambassadeur d’Espagne ; il est dans les conditions que vous avez désiré ; maintenant, êtes-vous satisfait ?

— Attendez, dit-il en prenant dans sa poche un papier qu’il déplia.

— Que voulez-vous dire ?

— Il pourrait être faux.

— Monsieur ! dit le Mayor se contenant à peine.

— Cela s’est vu, reprit le Loupeur de l’air le plus paisible et en continuant de comparer le passeport avec celui qu’il avait pris dans sa poche ; celui-ci est bon ; je vous remercie, ajouta-t-il froidement après un instant.

Il plia le passeport avec soin et le serra.