— J’ai tenu toutes les conditions ? reprit le Mayor.
— Oui, toutes, répondit-il.
— Et vous, tiendrez-vous les vôtres ?
Le Loupeur haussa les épaules.
— Pour qui me prenez-vous ? dit-il.
— Ainsi, je puis compter sur vous ?
— Je ne vous ai pas donné, que je sache, le droit de supposer autrement.
— C’est bien, nous nous verrons là-bas ?
— C’est probable, je pars, répondit-il sèchement.
Et il sortit sans prendre autrement congé.
Restés seuls, les deux hommes se regardèrent d’un air piteux en hochant tristement la tête.
— Quel chenapan ! s’écria Felitz Oyandi.
— Il nous a roulés de main de maître ! dit le Mayor.
— Oui, le gredin est madré.
— Les voleurs parisiens sont plus forts que nous.
— C’était notre bon temps, là-bas, en Amérique ! dit Felitz Oyandi avec un soupir de regret.
— Oh ! je me vengerai de ce misérable ! s’écria le Mayor en fermant les poings avec rage.
— Le fait est que vous n’avez pas eu le beau rôle ! Quant à vous venger de lui, je crois que vous ferez bien d’y renoncer ; il nous tient, et nous ne le tenons pas, fit-il avec son ricanement habituel.
— C’est ce que nous verrons ! Allons, viens ; l’heure approche.
— Oui, partons !… C’est égal, voilà une campagne bien mal engagée : elle commence par une défaite !
— Tais-toi, oiseau de mauvais augure, c’est ta lâcheté qui est cause de tout.
— Avec cela que la force vous a réussi, à vous ! reprit-il en ricanant.
— Assez, misérable ! s’écria le Mayor exaspéré ; je ne sais ce qui me retient de t’écraser sous le talon de ma botte !
— C’est bon, je me tais, mais je n’en ai pas moins raison.