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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/28

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tite table pour poser les vins et la vaisselle ; et au-dessus de la cheminée une grande glace rayée dans tous les sens, couverte, à profusion, de noms d’hommes et de femmes, plus ou moins baroques

Cette glace avait servi maintes fois à essayer les diamants offerts en présent aux fugitives locataires de ce cabinet, pour s’assurer de leur véritable origine ; manie particuliere à ces dames : on les trompe si souvent !

L’aspect de cette glace était saisissant : c’était l’enseigne du lieu.

De doubles rideaux et un tapis complétaient l’ameublement de ce joli réduit, assez grand cependant pour que quatre personnes pussent y tenir à l’aise.

Ce cabinet était en ce moment occupé seulement par deux personnes : deux hommes, très élégamment vêtus, et dont les manières étaient celles de la meilleure compagnie.

L’un d’eux, le plus âgé, était connu dans l’établissement où il faisait assez souvent des parties fines avec des hétaïres en renom.

Pendant la journée, il avait fait arrêter sa voiture devant le restaurant et avait retenu le cabinet no 25, il avait fait une carte de dîner-souper pour le soir, dont le menu avait fait sourire de plaisir l’impassible Philippe.

Celui-ci avait reconnu un gourmet et un fin connaisseur.

Le tout devait se régler par un billet de cinq cent francs au moins, et pourtant ce repas de Lucullus n’était que pour deux personnes.

Un peu avant minuit, les deux convives arrivèrent ; ils se firent immédiatement servir.

Ces deux hommes étaient le Mayor et Felitz Oyandi.

En s’asseyant, le Mayor avertit le garçon, attaché au service du cabinet numéro 25, que quelqu’un viendrait le demander, et qu’on eût à lui faire passer la carte de l’étranger dès qu’il se présenterait.

La chère était exquise : les deux hommes y firent fête.