Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/344

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l’affection qu’elle portait a Vanda et combien celle dont elle avait fait sa fille lui était devenue chère.

Vers deux heures de l’après-dîner, la comtesse s’enfonça sous les hautes frondaisons et ses pas se dirigèrent machinalement vers un kiosque situé dans la partie la plus reculée et la plus touffue du parc.

Cette construction pittoresque, perdue pour ainsi dire sous les hautes futaies, lui rappelait ses courses passées à travers les forêts américaines, les émotions douces ou terribles éprouvées à cette époque déjà si loin d’elle, et que par le souvenir elle faisait repasser devant ses yeux.

La comtesse, plutôt poussée par son cœur que par sa volonté, se trouva subitement en face du kiosque. Elle poussa la porte et entra.

Ce kiosque ne se composait que d’une seule pièce de forme octogone ; elle recevait le jour par quatre hautes fenêtres garnies de vitraux peints enchâssés dans du plomb et représentant des scènes ne chasse.

L’ameublement était simple et de bon goût : un divan circulaire, un piano de Pleyel, une table ronde, un guéridon chargé de musique, de livres et de brochures. Quelques chaises et fauteuils, des tabourets, des corbeilles à ouvrage, quelques tableaux de maîtres accrochés aux murailles, un lustre en cristal tombant du plafond, et c’était tout.

Dans le parc de son hôtel du boulevard de Courcelles, la comtesse de Valenfleurs avait un kiosque tout semblable à celui-ci, où elle venait souvent, en compagnie de Vanda, causer, lire, faire de la musique ou rêver, tandis que la jeune fille dessinait ou brodait près d’elle.

Madame de Valenfleurs promena un regard triste et mouillé de larmes autour d’elle.

Trois jours auparavant, elle avait passé plusieurs heures dans le kiosque de son hôtel, entre Vanda et miss Lucy Gordon, heureuses toutes trois et formant de charmants projets pour la saison des eaux, où elles devaient se rendre vers le milieu de juillet.