Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/366

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sieur, je ne savais pas me trouver en aussi bonne compagnie.

— À la bonne heure ! je vous reconnais à présent, dit le policier toujours souriant ; vous plairait-il de m’accorder quelques minutes d’entretien ?

— Pourquoi non, cher monsieur ? Je suis prisonnier, je suppose.

— Hum ! je ne le sais pas encore bien moi-même, reprit le policier en hochant doucement la tête ; cela dépendra beaucoup, je crois, de la tournure que prendra notre entretien !

— Oh ! alors, tout peut s’arranger ; mais, pardon, je désirerais, avant que d’aller plus loin, avoir des nouvelles de cette jeune dame, que, dans un moment de rancune, j’ai eu la maladresse de blesser.

— Vous vouliez la tuer, sans doute ? reprit le policier avec un sourire caustique.

— Ma foi ! oui, j’y tâchais ; vous le savez, quand on est en colère, malheureusement on voit rouge. Maintenant que je suis de sang-froid, je serais désespéré d’avoir réussi ; je regrette sincèrement ce moment d’emportement, d’autant plus que tous les torts sont de mon côté et que je me suis conduit envers cette dame comme le dernier des misérables.

— Je vais moi-même aux renseignement, monsieur ; votre vue pourrait lui être désagréable.

— Mille grâces, monsieur ! En effet, il serait extraordinaire qu’il en fût autrement, répondit-il avec une désinvolture complète.

Le policier s’éloigna et pénétra dans l’appartement, où déjà étaient entrées, par une autre porte, la comtesse, Denizà et Mariette.

— Vous êtes arrivé à temps, monsieur, dit le Loupeur à Bernard avec un laisser-aller charmant.

— Pour vous ? répondit le coureur des bois avec ironie.

— Non, mais pour madame la comtesse de Valenfleurs.