Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/367

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Dix minutes plus tard vous n’auriez trouvé que son cadavre ; notre chef avait juré de la tuer.

— Comment nommez-vous ce chef, monsieur ?

— Ma foi, vous m’en demandez trop long, monsieur, répondit-il avec un fin sourire ; on le nomme le chef, et voilà tout. D’ailleurs, nous ne le voyons que très rarement ; c’était le père Romieux, le manchot, qui lui servait d’intermédiaire avec nous ; il nous donnait aussi ses ordres que nous exécutions.

— Ah ! ah ! vous dites que le manchot se nomme Romieux ?

— Peut-être a-t-il un autre nom, mais maintenant, qu’importe cela ? Son compte est réglé.

En ce moment la policier revint.

— Eh bien, cher monsieur, quelles nouvelles ? demanda le Loupeur.

— Monsieur, je suis heureux de vous apprendre, répondit le policier, que la blessure est moins grave qu’on ne l’avait supposé d’abord ; la balle a glissé sur une côte elle a dévié et n’a fait que traverser les chairs, sans attaquer aucun organe délicat. Dans quinze jours, au dire du docteur qui lui donne ses soins, cette intéressante jeune femme sera sinon guérie, du moins en pleine convalescence.

— Dieu soit loué ! s’écria le Loupeur avec une émotion véritable ; pauvre chère enfant ! au moins je n’aurai pas sa mort à me reprocher ! Maintenant, messieurs, je suis à vos ordres.

— Suivez-nous, dit le policier.

Le Loupeur fit un geste d’assentiment.

Ils repassèrent alors devant Felitz Oyandi.

Le misérable râlait toujours, mais il allait s’affaiblissant rapidement.

Il était horrible à voir ; son crâne était à nu, le cuir chevelu avait été enlevé.

— Bon, dit Bernard avec une parfaite indifférence ; Tahera a fait encore des siennes ; voilà le cinquième scalp qu’il prend depuis une heure ! Sur ma foi de Dieu !