Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/370

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Soudain, interrompant une question faite par le policier et la coupant sans pitié en deux :

— Pardon ! dit-il.

Et présentant un papier au Loupeur :

— Lisez ceci, ajouta-t-il, et ensuite vous serez édifié sur le compte de votre chef et la récompense qu’il vous réservait.

Le Loupeur prit le papier et le parcourut avec une vive indignation.

— Le misérable ! s’écria-t-il tout à coup en froissant avec rage le papier entre ses mains crispées ; ainsi, il méditait notre mort à tous ! Voilà la récompense qu’il se proposait de nous donner, pour l’avoir fidèlement servi ! Il nous réservait le sort de ses complices de la Maison des voleurs. Oh ! et cet ignoble Felitz Oyandi se vante d’avoir soufflé lui-même cette odieuse trahison au Mayor, qui le félicite d’avoir eu cette idée qui arrange tout ! Cordieu ! c’est écrit en toutes lettres… Mort de ma vie ! je me vengerai de ce hideux misérable ! Dussé-je être guillotiné dix ans plus tôt, disposez de moi, messieurs ; je vous suis acquis à la vie et à la mort. Il faut que je me venge, quoi qu’il advienne ! D’ailleurs, cette odieuse trahison me dégage de tous les engagements pris avec cet homme sans foi ni loi.

— C’est bien ! dit alors Bernard. Maintenant, écoutez-moi : nous faisons la guerre au Mayor, puisque vous savez son nom, pour notre propre compte ; nous n’avons aucunes relations avec la police ; nous rendons nos arrêts et nous les exécutons nous-mêmes à nos risques et périls. Monsieur, que vous connaissez, paraît-il, vous l’affirmera.

— C’est vrai, dit le policier ; je ne suis pas ici officiellement.

— Votre affirmation me suffirait, monsieur, sans qu’il fût besoin de la faire attester par une autre personne, dit le Loupeur en s’inclinant courtoisement.

— Allons droit au but, reprit Bernard.

— Soit.

— Je vous propose un marché.