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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/369

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— Il sera fait comme le désire mon frère la Main de fer.

Et, après avoir ainsi parlé, Tahera quitta le salon, au grand soulagement du Loupeur, que sa présence inquiétait secrètement.

— Sapristi ! quel type ! s’écria le Loupeur en respirant à pleins poumons ; il m’a donné la chair de poule ! Est-ce que tous ses compatriotes lui ressemblent ?

— Ils sont beaucoup plus féroces, dit Bernard avec bonhomie. Tahera est très doux ; il a, depuis son enfance, presque toujours fréquenté les blancs… il a modifié son caractère ; en vivant avec eux, il est devenu meilleur.

— Bigre ! s’écria le Loupeur, s’il s’est ainsi civilisé, qu’est-ce qu’il était donc auparavant ? Hum ! voila un peuple au milieu duquel je ne voudrais pas vivre, par exemple !

Bernard se mit à rire.

L’interrogatoire commença, très serré et conduit avec une rare habileté par l’ancien chef de la brigade de sûreté, qui savait sur le bout du doigt l’art de circonvenir un coupable.

Il aurait fait un excellent juge d’instruction.

Cet interrogatoire, nous devons le constater, fut aussi très habilement supporté par le Loupeur, qui n’était pas un bandit vulgaire et possédait aussi bien que n’importe quel diplomate le talent des réticences calculées de façon à ne jamais rien compromettre.

Bernard assistait impassible à cet interrogatoire, ne s’en mêlant en aucune façon et laissant s’escrimer les deux adversaires, qu’il jugeait de même force ; aussi, dans son for intérieur, était-il convaincu que ce ne serait qu’une lutte de mots sans résultats positifs.

— Tahera rentra et remit au coureur des bois différents objets sans importance et un portefeuille bourré de papiers.

Bernard, pour s’occuper, parcourut des yeux ces papiers.