Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/376

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d’oreille en diamant, semblable à celui trouvé par Bernard près de l’Arc de Triomphe.

Vanda ne perdait pas espoir ; chaque fois qu’elle en avait l’occasion, elle laissait des traces de son passage. Elle savait que ses amis tenteraient l’impossible pour la sauver.

Ce bouton d’oreille si providentiellement retrouvé expliqua à Julian le plan du Mayor et comment il l’avait exécuté.

Plusieurs hommes, embusqués sous la voûte du pont, attendaient l’arrivée de la voiture du Mayor. Aussitôt que cette voiture s’était arrêtée, ces hommes, qui probablement s’étaient à l’avance munis de brancards, avaient, sans que le Mayor et Vanda missent pied à terre, opéré au moyen de ces brancards leur transbordement d’une voiture dans l’autre.

Puis la voiture abandonnée par le Mayor avait continué sa course du côté du boulevard Saint-Michel et s’était perdue dans le dédale des hauteurs de Montrouge, tandis que la seconde, dans laquelle se trouvaient maintenant la jeune fille et son ravisseur, avait tout simplement traversé le pont de la Concorde, gagné la grande allée des Champs-Élysées et monté jusqu’à l’Arc de Triomphe de l’Étoile.

Cette seconde voiture était un coupé de remise ; ce fut à elle que Julian s’arrêta.

Ce coupé avait l’allure honnête d’une voiture de place qui suit son itinéraire sans penser à mal. Il allait tout droit, franchement, sans crochets ni détours.

Le Major était convaincu qu’il avait dépisté ses ennemis, grâce à cette habile manœuvre.

Et en effet, cela avait failli arriver.

Julian avait hésité longtemps ; sans le bouton de diamant, peut-être se fût-il laissé tromper.

Le coupé, trottant cahin-caha, car la mise en scène avait été admirablement soignée, avait suivi, en ballottant à droite et à gauche, la grande allée jusqu’à l’avenue Montaigne.